HISTOIRE DU CHÂTEAU
Du XIIIème siècle à nos jours ...
Jusqu'à ce maintenant, les plus anciens documents que l'on ait pu recueillir au sujet de l'existence d'une seigneurie à Honnechy remontent clairement au début du 13 ème siècle.
A l'origine, cette demeure était un château fort dépendant de la châtellerie de Guise et de Busigny dont une partie du mur d'enceinte est encore conservée à l'heure actuelle.
Le village de Honnechy tire son nom de la source de Saint-Eloi qui se situe à 100 mètres de l'église où Nicolas Lemoine est inhumé. En fait, Honnechy signifie habitation près de l'eau.
Vers 1708, Hyacinthe prince de Ligne et marquis de Mouy vend la seigneurie de Honnechy, de Becquigny et de la Sart en Thiérache à Nicolas Lemoine issu d'une famille d'origine catésienne.
La seigneurie est importante, le père et le grand-père l'ayant bien réimplantée avec la construction du château, d'une grande ferme et d'un moulin à "faire la farine".
Dans la réalité, ils avaient de grands moyens suite aux importantes fonctions qu'ils avaient exercées par le passé.
HISTORIQUE
Le grand père de Nicolas, Michel Lemoine, vivait au château de Vendeuil. Nicolas (1er du nom) Lemoine, son père, mourut au château du Mouy en 1712.
Nicolas (2ème du nom) devint possesseur de Becquigny et d'Honnechy.
Sa date de naissance ainsi que celle de sa mort restent encore inconnues à ce jour.
Il était marié à Françoise Cotteaux et fut le père d'une famille nombreuse, dont Nicolas Lemoine qui, troisième du nom, prit la succession de son père jusqu'en 1773 (il était né en 1709). Nicolas (4ème du nom) prit la succession de son père en 1773.
Il épouse vers 1760 Alexandrine Flescher dont il aura deux enfants : Adélaïde épouse Vitaux, et Honorine épouse Sauvel.
Il ne peut imaginer alors que ses droits féodaux disparaitront 16 années plus tard.
Au début de la Révolution, lui et sa famille semblent avoir habité Cambrai. En effet, sa fille Honorine va être amenée de Cambrai à Compiègne où elle est emprisonnée en 1794.
La famille Fauvel semble ensuite avoir émigré vers la Belgique.
La famille Vitaux de par ses attaches avec le Clergé fut très suspectée et échappa de peu à la guillotine au moment de la Terreur.
On retrouve la trace de cette famille en juin 1801 dans un acte de vente d'une partie du château par la veuve Alexandrine Lemoine Flescher et sa fille Honorine épouse séparée Sauvel à leur fille et soeur Adélaïde, épouse Vitaux (maire d'Honnechy).
En 1813, Marie Alexandrine (veuve Lemoine) vend des archives.
En 1813 également, a lieu l'expropriation forcée du château qui est vendu à Mr et Mme Bruneau le 24 juin par les époux Vitaux-Lemoine.
À cette époque, on perd trace des descendants des derniers seigneurs d'Honnechy.
Les fils Bruneau, héritiers de leur parents, vendent alors le château à Jean-Baptiste Cotteaux le 17 novembre 1818 avec une partie des terres.
Les bois et terres restant furent vendus en 1821 par les époux Vitaux-Lemoine et par leurs enfants.
Plus tard, en 1886, le château fut racheté par un notaire, Maître Garin, puis passa ensuite entre les mains d'un riche parisien Monsieur Poirson, vers 1900.
Le directeur de la Pannerie, Monsieur BAILLY, en fit ensuite l'acquisition.
Diverses familles se succèdèrent dont la famille Décupere.
Il fut racheté en 1947 par Monsieur et Madame Ducourant. Il devint aussi la propriété de Monsieur Houteer. En 1950, un incendie détruisit une aile de l'ancien corps de ferme où il faisait un élevage de pigeons et de volailles. Un couple de médecins en fut ensuite propriétaire pendant quelques années sans l'occuper.
ARCHITECTURE
L'édification du château commença en 1706 pour se terminer vers 1719-1720 sous la Régence (ainsi que l'indique une pierre gravée au-dessus de la porte d'entrée) sur l'emplacement d'un ancien château fort.
L'existence d'un très long souterrain, dont la construction ne se justifiait plus au 18ème siècle, confirme ce point de vue.
À l'origine, un bois entourait le château jusqu'à la chaussée Brunehaut.
Diverses appellations du terroir rappellent l'origine féodale : Champ du Seigneur, Champ de la Cognée, Bois Madame, Chemin des Charbonniers (forêt charbonnière ancestrale où l'on faisait le charbon de bois), les Essarts, etc...
L'entrée se trouvait à l'arrière de l'édifice actuel. Le "Bois Madame" avec une large allée permettait de se rendre à le Cateau sans passer par le village.
Aujourd'hui, du château fort, il ne reste qu'une partie du mur d'enceinte et les caves qui donnent accès, par un escalier d'une vingtaine de marches, au souterrain (environ 40 mètres au-dessous du niveau du sol). Celui-ci était encore praticable au début du 20ème siècle, paraît-il.
Les personnes les plus âgées affirment avoir vu plusieurs ramifications sous la place (au risque de s'y perdre).
Il existe effectivement dans les caves de quelques demeures, à cet endroit, des entrées de souterrains et des salles nommées "cambres". Il est dit qu'un souterrain conduirait d'un côté vers Guise et de l'autre, vers l'église de Le Cateau.
Actuellement, il est possible de pénétrer dans le souterrain du château sur une longueur de 20 mètres.
Deux puits de 25 mètres de profondeur se trouvent non loin de la cave donc vraisemblablement, à l'origine, dans la cour du château fort et ne sont distants que de 2 mètres environ.
Les caves et les souterrains datent du 14ème siècle.
Au-dessus de la porte d'entrée, l'imposte est ornée d'un écusson datant de la fin de la construction en 1720.
Cette pierre est placée au milieu du linteau de la porte d'entrée et sa fonction était alors de mettre une construction neuve sous la protection divine.
La lecture en est la suivante : SIT NOMEN DOMINI BENEDICTUM "que le nom du Seigneur soit béni".
Les lettres I.H.S. y sont gravées, une petite croix étant placée au milieu du H.
Il s'agit des trois premières lettres grecques du nom de Jésus, lues ensuite en latin comme les initiales de Jesus Salvator Hominom, en français Jésus Sauveur des Hommes.
C'est un sigle traditionnel dans les symboles chrétiens.
En-dessous un coeur percé de trois clous est le symbole du Sacré-Coeur avec les trois clous symboles de la crucifixion.
Les branches l'entourant sont purement décoratives, mais on peut y reconnaître le symbole de la vie, donc de la résurrection.
À sa construction, le château présente un bâtiment central flanqué de deux ailes avec un étage composé de briques, de pierres de taille blanches (calcaire), et de pierres bleues (grès).
Ce bâtiment édifié sous la Régence conserve quelques particularités de style Louis XIV, notamment dans la décoration intérieure.
L'imposte stylisée de la porte d'entrée est particulièrement élégante : elle représente un soleil levant couronné de laurier, ceci pour rappeler le règne grandiose du Roi Soleil.
Avec ses larges fenêtres bien disposées encadrées par de la pierre, ses deux ailes bien dégagées, bien que non symétriques, sa chapelle et son grand parc, la propriété était à l'origine une belle gentilhommière. Aujourd'hui, la chapelle n'existe plus ayant été démolie au début du siècle dernier.
À noter qu'un bois d'une dizaine d'hectares, avec vivier, terminait au Nord cette propriété.
Actuellement, il n'en reste plus qu'une petite partie avec deux étangs envahis de roseaux.
Les bâtiments qui subsistent plus bas que la cour d'honneur sont les restes de la ferme qui exploitait jadis "400 mencaudées de terre".
Les immenses granges furent incendiées en octobre 1918 par les Allemands lors de leur retraite et il ne restait plus que l'habitation du fermier et quelques dépendances. En 1950, un incendie détruisit la dernière aile de l'ancien corps de ferme.
L'édifice possède une magnifique charpente en chêne qui est un chef-d'oeuvre d'assemblage.
La porte du côté jardin est encadrée de deux pilastres en pierre de taille qui supportent un fronton triangulaire, il reflète le souvenir du prestigieux Fenelon, archevêque de Cambrai en 1695.
L'ensemble de la propriété occupe actuellement 7.500 m2 environ.
INTERIEURS ET RESTAURATION
Malgré les graves dégâts fait par la Première Guerre Mondiale, l'édifice dans son ensemble n'eut que peu à souffrir des conflits dont il fut témoin (sauf les granges brûlées en 1918).
En 1940 il fut occupé par l'armée française puis abandonné ensuite à l'ennemi.
En 1998, Monsieur et Madame Lutun en firent l'acquisition et procédèrent courageusement à sa restauration et une grosse remise en état fut nécessaire pour y aménager à un moment donné des chambres d'hôtes.
À l'intérieur, sont réparties 13 pièces, 9 au rez-de-chaussée, et 4 à l'étage.
Les plafonds ont une hauteur de 4,20 mètres.
L'espace entre plafond et plancher est rempli de 60 cm de cendres. Cela présenterait le double avantage d'isoler et de servir de coupe-feu en cas d'incendie, les cendres tombant dans les flammes.
À l'arrière du château un bassin avec jet d'eau a été dégagé, pelouses et fleurs agrément l'ensemble.
Ce château possède ses légendes : une malédiction se serait abattue sur ses habitants depuis que les seigneurs du temps féodal auraient brûlé l'effigie d'une vierge noire.
Et aussi, selon la légende, il existerait un trésor bien caché dans la propriété, ainsi qu'un fantôme ! Mais à ce jour ni l'un ni l'autre n'ont été découverts … Mais la fable persiste !
La restauration du parc n'a jamais été terminée et depuis quelques années, elle est à l'état d'abandon. C'est l'un des principaux travaux à réaliser sur le domaine.
RÉHABILITATION
Dans le cadre du projet d'aménagement historique du château, des travaux importants seront entrepris dès le mois d'octobre 2018. Ils concernent particulièrement la remise en état du grand salon et de certaines pièces du domaine qui ont été fâcheusement « modernisées » au détriment de l'authenticité historique.
Par ailleurs, les aménagements extérieurs porteront sur la réalisation des jardins à la française et sur la création d'un espace dédié aux futurs spectacles d'été.
De même, les anciennes écuries réaménagées, abriteront les salles d'exposition et les deux futurs musées.
Date de dernière mise à jour : 11/05/2018